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Fin de la visite officielle du Prince Aga Khan en Côte d'Ivoire-1998-03-04

Go To News Event: 
Event - 1998-03-04
Date: 
Wednesday, 1998, March 4
Location: 
Source: 
LA CÔTE D'IVOIRE AU QUOTIDIEN
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Author: 
Aga Khan IV (H.H. Prince Karim)

La visite officielle de 72 heures du Prince Aga Khan en Côte d'Ivoire a pris fin jeudi dernier à Yamoussoukro. Où il s'est incliné sur la tombe du Président Félix Houphouet-Boigny décédé le 7 décembre 1993. Arrivé en Côte d'Ivoire le 3 mars, Son Altesse l'Aga Khan a eu plusieurs séances de travail avec les autorités ivoiriennes, couronnées par la signature, mercredi après-midi, d'un protocole d'accord de coopération en matière de développement. Un dîner officiel a été offert à l'illustre hôte qui, à cette occasion, a eu un échange de toast avec le Chef de l'Etat, le Président Henri KONAN BEDIE. Le Prince Aga Khan a mis en exergue la profondeur des liens tissés entre la Côte d'Ivoire et le Réseau Aga Khan de développement dont la collaboration, a-t-il dit, "n'est pas un coup de coeur éphémère". L'allocution intégrale de Son Altesse.

Monsieur le Président, Excellences Mesdames, Messieurs,

Vos paroles élogieuses, Monsieur le Président, me touchent beaucoup comme m'a touché l'accueil chaleureux qui m'a été réservé.

C'est en effet avec une profonde gratitude que j'ai accepté l'invitation de Monsieur le Président de la République et du Gouvernement de la Côte d'Ivoire à retourner dans ce beau pays si hospitalier et si remarquable pour l'harmonie dans laquelle vit sa population, et dont a le bonheur de bénéficier également la petite Communauté ismaïlie depuis les toutes premières années de l'Indépendance.

A cette époque, dans le cadre de nos entretiens, le Président Houphouët-Boigny m'avait demandé que l'Imamat Ismaïli et notre Communauté s'associent au développement économique et social de la Côte d'Ivoire. Au cours de nombreuses discussions franches et fraternelles, nous avions examiné comment cette collaboration pouvait se traduire concrètement dans des réalisations économiques et sociales. J'avais été profondément impressionné par le choix d'une politique d'ouverture sur l'extérieur et le souci de créer un environnement de paix, d'humanisme et de générosité. Cela afin de favoriser de multiples opportunités, d'abord pour les Ivoiriens eux-mêmes, mais aussi pour d'autres Africains résidant déjà dans le pays au moment de l'Indépendance, ou bien qui y cherchaient refuge par suite d'une situation instable, voire conflictuelle, dans leurs propres pays.

De fait, cette politique d'ouverture, de pluralisme ethnique et religieux, et cet engagement à instaurer un espace de paix éminemment porteur pour tous, furent si remarquablement mis en oeuvre par le Président Houphouët-Boigny et ses différents gouvernements, puis admirablement conduits par le Président KONAN BEDIE et son gouvernement, qu'ils ont permis à la Côte d'Ivoire un essor considérable dans les domaines sociaux et économiques depuis l'Indépendance. Cette situation favorable a créé un pôle de stabilité en Afrique de l'Ouest: c'est bien la démonstration que ces principes de développement pour la société civile sont les bons, et que c'est en se fondant sur eux que les autres pays de l'Afrique de l'Ouest, de l'Afrique tout entière et du Tiers-Monde peuvent se construire. La Côte d'Ivoire pouvait alors entreprendre son action diplomatique de dialogue et de concertation envers ses pays voisins, action inlassable en vue de rétablir la paix.

NOTRE COLLABORATION N'EST PAS UN COUP DE COEUR EPHEMERE

Ces notions ont été pour moi particulièrement attrayantes parce qu'elles correspondaient à mes convictions intimes, mais aussi aux concepts fondamentaux sur lesquels s'est édifiée l'une des périodes les plus glorieuses de l'Islam et de l'imamat Ismaïli, je veux parler du Califat Fatimide en Egypte. Là également, le principe du pluralisme ethnique et religieux était mieux que toléré: souhaité et encouragé. Là encore, la collaboration à tous les niveaux était favorisée, tout particulièrement dans la sphère des élites qui avaient pour mission de servir de leur mieux l'ensemble de la population. Il était donc naturel et logique que l'Imamat ismaïli et ses institutions participent au développement de la Côte d'ivoire, non pas selon un opportunisme économique passager, mais au contraire s'enracinent dans de profondes convictions que l'histoire a ratifiées. Notre collaboration n'est pas un coup de coeur éphémère ni un pur échange d'intérêts: elle s'inscrit dans la permanence, elle se développe sur des valeurs.

Ce sont ces notions - basées sur des certitudes avérées, projetées dans la durée, qui caractérisent la collaboration entre le Gouvernement ivoirien, les institutions de l'Imamat et les membres de la Communauté ismaïlie - et qui nous ont permis d'obtenir aujourd'hui des résultats magnifiques au niveau national et régional dont nous pouvons légitimement nous sentir fiers.

Le processus de développement ne saurait jamais être figé dans le temps, il a sa propre dynamique. J'ai été très heureux de participer récemment à une conférence présidée par l'archevêque de Canterbury et le Président de la Banque mondiale, au cours de laquelle des représentants de neuf religions mondiales ont débattu la question de savoir comment collaborer efficacement à la protection et au développement des populations les plus défavorisées. Cette initiative est particulièrement significative parce qu'elle est l'expression de la volonté d'une des institutions économiques majeures de notre temps, la Banque mondiale, d'élargir à cet effet ses contacts au plus grand nombre de partenaires possible.

Au cours de ces débats entre la Banque mondiale et ces diverses confessions, il a été répété maintes fois que le succès du développement ne pouvait jamais être basé uniquement sur l'évolution économique de la société, mais que la notion de développement devait comprendre nécessairement l'épanouissement intégral de l'individu, de sa qualité de vie, incluant l'accès et l'amélioration de l'éducation, de la santé publique, la protection des cultures nationales et la gestion de l'environnement.<

VOTRE RECHERCHE DE NOUVEAUX PARTENAIRES

Cette conception du développement intégral de la personne humaine est le principe de base du Réseau Aga Khan de Développement, cela depuis plus d'un demi-siècle. Le Réseau s'est édifié avec des entités spécifiques, conçues pour répondre à ces exigences - et je suis particulièrement heureux que le nouvel Accord entre le Gouvernement de la Côte d'Ivoire, l'Imamat ismaïli et le Réseau Aga Khan de Développement nous permette d'envisager de nouvelles perspectives de coopération dans des domaines où le Réseau a déjà largement fait ses preuves ailleurs dans le monde comme en Afrique de l'Est, en Asie Occidentale et en Asie Centrale, qui vont bien au-delà du secteur économique.

Monsieur le Président, développer la coopération économique avec le reste du monde est un objectif prioritaire que vous avez assigné à votre Gouvernement; votre recherche de nouveaux partenaires et de nouvelles méthodes pour accélérer le développement se concrétise aujourd'hui: je suis absolument ravi que ce nouvel Accord signé cet après-midi ouvre des horizons plus larges et nous appelle à une collaboration plus étroite avec le Gouvernement de la Côte d'Ivoire. Surtout vous désirez que les populations les plus isolées du pays profitent aussi de cette amélioration au moyen d'infrastructures d'intérêt général. Votre programme triennal 1997-2000 met l'accent sur le relèvement du niveau de vie de toute la population. Vous visez principalement la décentralisation du développement par la réduction des disparités régionales. Vous rejoignez ici totalement les conclusions des participants de la Conférence de Londres: Banque mondiale et les neuf religions les plus représentatives du monde.

Les grandes religions de ce monde, afin de s'impliquer d'une manière plus efficace dans le développement de la société civile, s'appuient sur des principes éthiques partagés et visent dans la mesure du possible à combattre les iniquités de notre temps et la marginalisation croissante des plus faibles.

Cette Conférence a confirmé qu'il y régnait un parfait consensus sur le substrat commun d'un comportement moral élevé. Aussi je me permettrai encore de vous citer dans votre traditionnel message à la Nation du 7 août 1997: vous disiez que tous les fils de la Côte d'Ivoire devaient conjuguer leurs efforts car il s'agissait d'un enjeu supérieur qui surpasse et englobe tous les clivages des écoles de pensée et toutes les différences de conceptions philosophiques et politico-sociales et vous invitiez à une UNION SACREE. Jamais ce terme ne fut plus juste pour exprimer ce vers quoi nous devons tous tendre, nous ici présents, et tous ceux que nous représentons.


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