Welcome to F.I.E.L.D.- the First Ismaili Electronic Library and Database.

08. Doctrine Ésotérique

in

L'enquêteur impressionné par les habituels récits sur la grand impiété et les tendances anti-islamiques de la doctrine secrète isma'ilite serait amèrement déçu en lisant les plus secrets parmi les livres isma'ilis, comme par exemple : Rahat al-Aql (1) de Hamid al-Din al-Kirmani, le Asas al-Tawil (2) de Qadi Nu'man, quelque maglis ésotériques d'alMu'ayyad al-Sirazi, Zahr al-Ma,ani de 'Imad al-Din Idris, etc. Ces ouvrages prouvent sans aucun doute que les principes fondamentaux de la doctrine ésotérique la plus élevée étaient les fondements mêmes de l'Islam, la croyance inébranlable en l'unité de Dieu, la mission divine de Muhammad, la révélation divine du Coran, etc... Il est également indubitable que le seul but des auteurs fut de développer et d'affirmer les principes primitifs de l'Islam, en les rendant acceptables et attrayants pour les esprits critiques et sophistiqués des hommes cultivés, bien éloignés alors de la grossière mentalité des Arables non cultivés du VIe siècle.

La doctrine ésotérique comporte deux parties principales. L'une est la ta'zil du Coran et de la Sari'a dans quoi excellèrent Qadi Nu'man et Ga'far b. Mansur al-Yaman. La seconde bien plus intéressante consistait dans les haqa'iq (vérités), c'est-à-dire les système isma'ili de philosophie et de science, coordonné avec la religion, servant de révélation de ses parties internes.

Le système est une production typique de l'esprit musulman du IVe/Xe, ou du Ve/XIe siècle, et ressemble sur plusierus points à la philosophie d'al-Farabi.

L'élément le plus saillant de ce système est la philosophie néoplatonicienne, dérivée non directement des Ennéades de Plotin ou de ses premiers commentateurs, mais de quelques versions postérieures, considérablement altérées et mêlées à des matières hétérogènes. L'isma'ilisme essaya de trouver dans la philosophie politicienne la solution entre l'idée monothéiste et la pluralité du monde visible. Le système de la science grecque ancienne sur lequel Plotin aurait bâti le sien, était au Xe siècle assez différent. Beaucoup de théories étaient oubliées, beaucoup d'ouvrages grecs demeuraient inconnus des Musulmans, et beaucoup d'écrits truqués étaient d'un usage général. Ainsi la philosophie naturelle de l'isma'ilisme, avec ses idées sur le monde organique et inorganique, la psychologie, la biologie, etc..., est dans une certaine mesure basée sur Aristote, et en partie sur les anciennes spéculations néopythagoriciennes et autres. Il ne s'y trouve pas toutefois de références à ces ouvrages grecs originaux, et l'on n'y peut découvrir que très rarement une vague mention des "philosophes grecs". On y a ajouté beaucoup de la science avilie des périodes récentes, sous la forme de grossières croyances, astrologiques, alchimiques et cabalistiques, de spéculations sur le pouvoir mystique et magique des nombres, des lettres, etc. Tout cela, à la vérité est familier à quiconque étudie la culture médiévale ancienne. Le Christianisme fait sentir plus fortement son influence ; les auteurs isma'ilis, quand ils citent les écritures chrétiennes, sont d'ordinaire remarquablement exacts et donnent la preuve qu'ils ont lu avec soin les véritables livres, et non simplement suivi leur propre fantaisie, comme la majorité des auteurs orthodoxes.

Celui qui veut former une première idée maîtresse de ce que sont les Haqa'iq pourra consulter avec grand profit la célèbre Encyclopédie des Ihwan al-Safa. Cet ouvrage est considéré par les Isma'ilis comme une compilation du second des imams cachés. Ahmad ; et il est commun d'en trouver des citations dans les livres de Haq'iq.

Ainsi, comme on peut le voir, il n'y a que peu de chose qui soit original ou inconnu dans ce système. Sa seule originalité consiste dans la façon dont tous ces matériaux hétérogènes ont été combinés et amalgamés avec l'Islam. Mais même à ce point de vue, les Haqq'iq ressemblent complètement aux spéculations des Sufis, qui ne s'en différencient que par leur terminologie et par le fait que le sufisme a accepté d'authorité la doctrine plotinienne de l'extase, tandis que l'isma'ilisme l'ignore complètement.

Il est à noter que les Musta'liens croient fermement que tout cela a été révélé par leurs imams, que personne excepté eux ne possède ce savoir, et que même il serait inintelligible aux profanes. Même à l'heure actuelles, les Bohoras demeurent délibérément à l'écart de la science moderne, qu'ils considèrent comme hérétique.


Back to top