The French interview of The Aga Khan, as well as comments of the speaker have been transcribed and translated in English by the Heritage Staff for the members of www.ismaili.net.


TV5 Entrevue

30 juillet, 2005

Commentaires: L'Afrique de l'Ouest qui a reçue la visite de l'Aga Khan, il s'agit du chef spirituel des Ismailis, une branche du courant shiite qui prône un Islam modéré. L'actuel Leader de la communauté, le Prince Karim Aga Khan IV était donc de passage au Mali après le Burkina Faso, le Mali où il a signé avec le Président Touré des accords d'aide au développement dans le cadre de ses activités philanthropiques et il a expliqué à notre envoyé spécial, Armelle Charrier, sur quels critères il se fondait pour lancer des projets de développements.

AK: En fait on a regardé les besoins du pays, on s'est posé la question de savoir comment le réseau Aga Khan, avec toutes ses agences, toutes ses entités pourraient contribuer au développement du Mali, et nous avons choisi un certain nombre de secteurs économique, culturels, sociaux etc. et on est en train d'avancer pour mettre en place ces programmes et nous nous sommes rendu compte que le Nord du Mali avait énormément de difficulté à rester en contacte avec le reste du pays et pourtant le Nord a des avoirs assez uniques, non seulement pour le Mali mais pour le monde musulman en entier.

TV5: Concrètement cela se caractérise comment? Vous travaillez aussi bien sur des micros entreprises que sur les aspects culturels?

AK: Tout, tout! Dans une zone comme le Nord du Mali, il y a l'agriculture, il y a un héritage culturel extraordinaire, donc il faut travailler avec ces avoirs-là pour leur donner un rendement.

TV5: Le Mali, on sait les problèmes d'investissements dans le Nord du Mali, est une zone ou le terrorisme peut s'implanter, c'est du moins ce que soutiennent certaines personnes dont les américains. Est-ce qu'un développement culturel dans cette partie du pays est une manière de développer un Islam plus modéré, plus ouvert?

AK: Vous savez, toute communauté qui se sent isolée, qui se sent oubliée, qui n'a aucun espoir, c'est une communauté qui va chercher n'importe comment pour se repositionner. Et nous l'avons vu, nous l'avons vu dans le Nord du Pakistan, nous l'avons vu dans l'est du Tadjikistan, nous l'avons vu en Afghanistan. Et ces situations sont identifiables et c'est cela qui pour moi est très important. On ne peut pas me dire qu'on ne connaît pas ces situations, on les connaît! Mais on n'y fait pas assez attention… Le fait de ne pas les avoir résolus a fait que ces frustrations explosent et explosent au nom de la religion mais aussi au nom d'autres objectifs, pas que la religion.

Continuation of the interview was broadcasted a couple of days later on TV5

TV5 commentaires: Comment faire pour promouvoir un Islam plus modéré, c'est la question qu'Armel Charrier à posée à l'Aga Khan, à l'occasion de sa visite à Bamako au Mali. L'Aga Khan est le chef spirituel des Musulmans Shiites Ismaéliens.

AK: Je pense aujourd'hui qu'il faut absolument arriver à éliminer ces situations, ces foyers et je suis profondément frustré par le fait que ces foyers existent depuis des décennies. Elles ne sont pas nouvelles et le fait de ne pas les avoir résolus a fait que ces frustrations explosent et explosent au nom de la religion mais aussi au nom d'autres objectifs, pas que la religion.

TV5: Lutter contre la pauvreté et promouvoir le développement est-il pour vous une solution à cette montée du fanatisme?

AK: Justement, c'est une des réponses, ce n'est pas la seule, mais c'est une des réponses. On commence à comprendre aujourd'hui que la seule vrai façon d'assurer le développement est d'investir dans l'être humain. Ce n'est pas les infrastructures, ce n'est pas les énormes projets, c'est de donner à l'être humain, aux communautés humaines, la possibilité de se développer. J'essaye d'adapter l'action de nos agences selon la situation où nous nous trouvons. Il est sûr qu'une situation post-conflits, pas exemple le Tadjikistan, est tout à fait différente de ce qu'on trouve dans d'autres pays musulmans.

TV5: Est-ce que aussi le fait justement de réhabiliter les biens culturels, cela permet aussi dans un contexte de mondialisation, de garder l'identité des peuples et des endroits?

AK: Tout à fait! C'est d'abord l'identité des peuples, c'est aussi souligner la légitimité et la validité du pluralisme.

TV5: C'est une urgence?

AK: Urgence, Urgence! Mais on ne peut pas le faire vu la pauvreté, les difficultés qu'il y a, on ne peut pas le faire à moins qu'il y ait un résultat économique quantifiable.

Interview in English