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Jeudi 15.05.2003, CET 19:54

Disparition du prince de la Genève internationale

swissinfo 14 mai 2003 13:23

Sadruddin Aga Khan était très attaché à la région lémanique. (Keystone Archive)

Avec le décès de Sadruddin Aga Khan, Genève perd l’une de ses grandes figures internationales.

Il a été l’un des pionniers de la cause environnementale, comme le rappelle à Frédéric Burnand son ami Philippe Roch, directeur de l’Office fédéral de l’environnement.


C’est au Massachusetts Boston Hospital que le prince Sadruddin Aga Khan est mort lundi, des suites d’une longue maladie.

Installé à Genève depuis 1959, le prince était l’un des descendants de l’illustre et richissime famille Aga Khan.

Son neveu – Karim Aga Khan III – est le chef spirituel des musulmans ismaéliens, une communauté qui compte 15 millions de fidèles en Asie centrale et au Moyen-Orient.

Saddrudin Aga Khan a mené une longue carrière au sein des Nations Unies, en occupant notamment le poste de Haut commissaire aux réfugiés.

Mais c’est son engagement en faveur de l’environnement qui l’a fait connaître du grand public, comme le rappelle l’un de ces amis Philippe Roch, directeur de l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage.

swissinfo: quel a été, pour vous, l’action essentielle de Sadruddin Aga Khan?

Philippe Roch: Il a donné ses lettres de noblesse au combat pour l’environnement. Il a eu le courage de défendre des idées visionnaires et souvent dérangeantes auprès des nombreuses personnalités qu’il connaissait, que se soit des chefs d’Etat ou dans le milieu des affaires.

swissinfo: quelles ont été ses actions les plus marquantes dans ce domaine?

P.R.: il s’est beaucoup engagé pour la protection des Alpes. Sadruddin a su en particulier rapprocher la défense de la nature et le développement économique. Des principes qui sont aujourd’hui inscrits dans la Convention des Alpes.

Sadruddin a également beaucoup travaillé, avec sa seconde épouse (Catherine Aleya Sursock), à la protection des espèces menacée, comme les éléphants.

Il a été aussi un des pionniers du combat anti-nucléaire. Avec Denis de Rougemenont, il a fondé en 1977 le groupe de Bellerive et défendu des positions très courageuses dans des milieux très peu sensibles, à l’époque, à ses questions.

swissinfo: comment définiriez-vous la personnalité du prince?

P.R.: il était l’une des figures de proue de la Genève internationale. Doté d’un esprit universaliste et humaniste, Saddrudin a réussi à montrer les liens étroits qui mêlent le destin de l’Homme à celui de la Nature.

Il savait également rassembler des personnes d’horizons très différents et leur permettre de dialoguer.

Sadruddin brillait par ses connaissances, sa générosité et sa détermination. Il n’avait pas peur de mettre sa réputation en jeu et savait également se mettre à la portée de tous.

Interview swissinfo: Frédéric Burnand, Genève


En bref

- En 1959, Sadruddin Aga Khan s’installe à Genève, dans le château de Bellerive.

- De 1959 à 1961, il travaille pour l’Unesco, avant de rejoindre le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

- Il prend la direction du HCR de 1965 à 1977.

- En 1981, il se porte candidat à la succession de Kurt Waldheim, secrétaire général des Nations unies. Son élection est bloquée par un veto soviétique.

- Son engagement environnemental démarre en 1977 avec la création de la Fondation de Bellerive. En 1989, il lance l’association Alp Action.

- Sadruddin Aga Khan est mort lundi à l’age de 70 ans.