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Liberation
7 Novembre 2003

Monde

Afghanistan : le CICR remet un service hospitalier à une organisation de développement

07 novembre 13:06:00


Emetteur : CICR

Le 1er novembre, le CICR a remis à l'Aga Khan Development Network, un groupe d'organisations actives dans les domaines de la santé, de l'éducation, de la culture et du développement rural, principalement en Asie et en Afrique, le service chirurgical de l'hôpital de Bamyan, auquel il avait apporté un soutien pendant deux ans.

Gulbakht avait toujours accouché chez elle. C'est là qu'étaient nés son fils, aujourd'hui âgé de 10 ans, et ses filles, de deux et quatre ans. Sa famille, comme la plupart des familles afghanes, n'aurait jamais même envisagé de faire appel à une sage-femme ou à un médecin. Mais des complications ont surgi alors que Gulbakht allait donner naissance à son quatrième enfant.

« Le bébé se présentait mal, et ne pouvait pas sortir. Mon mari m'a emmenée au dispensaire, près de chez nous », dit-elle. Le personnel du dispensaire a très vite compris que le cas était trop complexe pour lui. Gulbakht a été emmenée à l'hôpital de Bamyan - situé à plusieurs heures de route - où elle a immédiatement subi une césarienne. L'opération a sauvé la vie du bébé, et très probablement celle de la mère.

« Dieu soit loué, elle va bien », se réjouit Gulbakht en tenant fièrement sa fille de sept jours dans les bras. Gulbakht a eu beaucoup de chance. D'autres femmes, hospitalisées dans le même service, ne sont pas arrivées à temps pour sauver le bébé qu'elles portaient. D'autres encore ne sont jamais arrivées.

Gulbakht et beaucoup d'autres, qui ont besoin de soins médicaux, sont la preuve qu'un hôpital bien géré est indispensable à Bamyan, l'une des régions les plus pauvres d'Afghanistan. De plus en plus de gens utilisent les services de l'hôpital depuis que le CICR a commencé à apporter un soutien, à la fin de l'année 2001.

« Le nombre des patients a augmenté régulièrement. Beaucoup parcourent de longues distances pour arriver jusqu'à nous », explique le Dr Ramazan Karimi, le chirurgien de l'hôpital. Il souligne que, sans l'hôpital, nombre des habitants déshérités de Bamyan et des provinces voisines n'auraient pas accès à des soins gratuits qui, bien souvent, font la différence entre la vie et la mort. Gulbakht, par exemple, n'aurait pas eu les moyens de payer l'opération. Gulbakht et les siens survivent avec le peu d'argent que gagne le chef de famille. Il prend tout le travail qu'il peut trouver, quel qu'il soit et quand il y en a. Rester avec sa femme à l'hôpital, c'est perdre des possibilités de travailler. Gulbakht est soulagée parce que son bébé va bien, mais elle ne peut s'empêcher de s'inquiéter pour ses trois autres enfants, restés à la maison avec leur grand-mère. « Ma mère est très âgée, elle est très faible. Je ne sais pas si elle a de quoi nourrir les enfants. Je n'ai même pas pu lui dire que j'étais à l'hôpital de Bamyan. Elle sait seulement que nous allions au dispensaire. Tout s'est passé si vite. » Le Dr Ramazan pense que Gulbakht pourra rentrer chez elle dans deux jours.

Au-delà de l'urgence

Quand le CICR a commencé à apporter son soutien, l'hôpital de Bamyan était à l'abandon depuis des années à cause de l'interminable conflit qui a sévi en Afghanistan. La Croix-Rouge de Norvège a donné un hôpital de campagne ainsi que du matériel chirurgical et une salle d'opérations, qui sont encore utilisés aujourd'hui. Le CICR a en partie rénové les bâtiments et un nouveau service sera disponible en novembre, ce qui portera la capacité à 50 ou 60 lits. La formation du personnel local de l'hôpital, qui a été l'une des grandes priorités du CICR, sera poursuivie sous la direction de l'Aga Khan Development Network. « Nous sommes une institution qui agit principalement dans les situations d'urgence, et nous avons la chance de pouvoir remettre le service chirurgical à des collègues qui centrent leurs activités sur le développement », déclare Nelly Studer, responsable, pour le CICR, de l'hôpital. Elle souligne qu'il est important que l'hôpital continue à fonctionner au-delà de la phase d'urgence et dispense des soins à tous ceux qui sont gravement malades.