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Courrier International
18/01/2004 - 09:19
KABOUL, 18 jan (AFP)
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Les banques étrangères et privées ouvrent leurs guichets à Kaboul

18/01/2004 - 09:19 KABOUL, 18 jan (AFP) -

Soucieux de promouvoir le commerce international et le rapatriement des avoirs des Afghans à l'étranger, le gouvernement afghan pousse à l'implantation des banques étrangères en Afghanistan, qui pourrait se traduire par l'rture de distributeurs automatiques de billets à Kaboul.

La National Bank of Pakistan est actuellement la seule banque étrangère opérant dans le pays, mais la concurrence monte en puissance avec la First Micro Finance Bank de la fondation Agha Khan pour le développement et la banque britannique Standard Chartered qui devaient ouvrir en janvier une succursale à Kaboul.

L'Afghanistan International Bank (AIB), une banque locale avec un actionnariat étranger et la banque pakistanaise Habib Bank, récemment rachetée par la Fondation Aga Khan, attendent que le gouvernement leur accorde une licence, ce qui devrait être une simple formalité, selon le gouverneur de la Banque centrale d'Afghanistan, Anwar-ul-Haq Ahady.

L'ouverture de banques étrangères à Kaboul signifie désormais que les Afghans n'auront plus à transporter à d'importantes sommes d'argent lors de leurs déplacements à l'étranger, ou cacher leurs économies sous un matelas.

Ils n'auront plus besoin d'avoir recours pour leur transfert d'argent au système informel et traditionnel de "hawala", suspecté d'être également utilisé par les réseaux terroristes. Via un intermédiaire spécialisé et sans traces, hawala est un système de compensation financière, qui permet à une somme d'argent remise à un opérateur en un point du monde d'être restituée ailleurs par son correspondant au récipiendaire désigné, pour une commission souvent modique.

Des banques nationales existant actuellement, deux seront restructurées: la Banque pachtoune du commerce (Pashtuni Tejaraty Bank) et la Banque nationale (Milli-e Bank), explique M. Ahady. Les quatre autres (banques de l'Agriculture, Industrielle, de Promotion de l'Exportation et de Crédit immobilier) seront fusionnées ou liquidées.

Dans le même temps, le gouvernement afghan a reçu deux nouvelles demandes pour l'obtention de licence et plusieurs banques, basées notamment au Pakistan et en Iran, ont montré des signes d'intérêt pour le marché afghan.

"Par le passé, ce secteur de l'économie était sévèrement contrôlé par l'Etat, nous avons abandonné cela", assure le gouverneur de la Banque centrale: "nous nous dirigeons vers une économie de marché, ce qui signifie plus de concurrence, et cette concurrence est ouverte aux Afghans et aux étrangers".

Un capital-garantie de 5 millions de dollars est nécessaire pour l'obtention d'une licence.

Le gouverneur de la Banque centrale aimerait ainsi voir une dizaine de banques opérer en Afghanistan.

Les établissement étrangers auront d'abord pour fonction de servir aux institutions internationales, représentations diplomatiques et organisations non-gouvernementales, selon le responsable de AIB, John Haye.

"Le seul système de transfert existant actuellement est le hawala. Cela fonctionne, mais il n'est pas transparent", dit M. Haye.

Petite révolution à Kaboul, AIB prévoit même de mettre à la disposition de ses clients des distributeurs automatiques de billets. D'abord placés dans les banques, ces distributeurs seraient ensuite installés dans des endroits sécurisés, au sein d'ambassades, bâtiments onusiens ou casernes.

Les banques privées prévoient également de s'implanter en province. La Banque nationale du Pakistan devrait ouvrir une succursale dans les villes de Kandahar (sud) et Jalalabad (est), selon son président Syed Ali Raza.

Pour autant, l'arrivée de banques étrangères en Afghanistan ne signifie pas grand chose pour les Afghans, nombreux encore à vivre dans la pauvreté, admet M. Ahady.

"Cela n'a pas de sens d'ouvrir un compte pour 2.000 afghannisdollars)", reconnait-il. Et les distributeurs automatiques de billets? "Je ne sais pas si cela arrivera. Mais je suis en tout cas satisfait que les banques y pensent".

© 2004 AFP.