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La Presse [Tunis]
Mercredi 23 Juin 2004
A la veille de la distribution du Prix Agha Khan d’architecture islamique, lancé voilà plus d’un quart de siècle par un prince mécène musulman, un imam de l’Islam si enraciné dans la modernité la plus avancée et dont la préoccupation essentielle est de réconcilier Islam et modernité, les actions de la fondation internationale Agha Khan se multiplient, s’accumulent de jour en jour. La dernière en date fut la construction et l’aménagement en plein cœur de la Médina du Caire, près de la Cité des morts et non loin d’Al Azhar, d’un immense parc doté d’une infrastructure exceptionnelle à l’image des parcs californiens, poumon incomparable pour une mégapole de 15 millions d’habitants.
Ce prix international Agha Khan d’architecture islamique qui sera annoncé au mois de novembre prochain, après les délibérations du jury en septembre, est l’un des jalons de cette action dont il y a lieu de rappeler quelques moments forts.
Je voudrais ainsi attirer l’attention des lecteurs de La Presse sur l’importance accordée par la Fondation du prince Karim Agha Khan pour la diffusion de l’éducation et de la culture d’excellence en tant qu’instruments décisifs pour la promotion de la civilisation dans le monde musulman d’aujourd’hui.
Nous avons déjà signalé auparavant, sur ces mêmes colonnes, quelques jalons importants de l’action éducative de cette fondation. Création du Prix international pour une architecture d’excellence en 1978 (la Tunisie en fut bénéficiaire plusieurs fois), suivie d’une chaire d’architecture à l’université d’Harvard en 1980, qui, depuis, a formé des générations de jeunes architectes talentueux dont les réalisations architecturales témoignent de la richesse du patrimoine musulman et de sa flexibilité à s’adapter aux impératifs de la modernité.
En 1983, l’université Agha Khan est fondée au Pakistan et ses activités académiques se sont étendues par la suite au Kenya, en Tanzanie, en Ouganda puis en Angleterre!
Cette action de promotion et de diffusion d’un savoir de pointe s’est accélérée durant les trois dernières années qui ont vu naître pas moins d’une vingtaine d’instituts scientifiques d’excellence disséminés à travers tous les continents.
En 2001, l’université d’Asie centrale voit le jour et se spécialise dans l’étude des peuples et des sociétés de montagne, en particulier le Kazakhstan, le Kirghizistan et le Tadjikistan.
En plus des instituts importants qui fonctionnent déjà à Londres, à Lisbonne, à Toronto et de ceux qui viennent d’être lancés en 2003 au Kenya, en Syrie et à Dubaï, une dernière série est annoncée en Tanzanie, Ouganda, Congo, Mozambique, Madagascar et enfin en Inde, Afghanistan et Bangladesh.
A un moment où l’entente entre les peuples n’a jamais été aussi pressante pour assurer la paix et la stabilité dans le monde, déclarait récemment le prince Karim Agha Khan, il est urgent d’éduquer correctement nos jeunes et de leur fournir un idéal universel fondé sur la tolérance et le respect des différences.
En effet, la fonction essentielle de ces institutions académiques d’excellence est de former des générations nouvelles enracinées dans leur identité civilisationnelle et en même temps nourries par un savoir avancé qui leur permet de participer activement à la construction d’une mondialité équilibrée et plurielle.
Fredj STAMBOULI
(Université de Tunis)