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lundi 1er août 2005
Ouagadougou, Burkina Faso
Frédéric OUEDRAOGO
SN-SOSUCO Banfora


Aga Khan rassure sur l’avenir de la société

En séjour au Burkina Faso dans le cadre d’une visite officielle de 48 heures, le prince Karim Aga Khan était vendredi 30 juillet dans la matinée à Bérégadougou au complexe sucrier de la Comoé SN-SOSUCO. Actionnaire principal dans le capital social de cette société avec 52% des actions, son Altesse est allé toucher du doigt les réalités du travail dans ce complexe à travers des échanges et des visites guidées. L’information très attendue a été sans conteste la décision de sauvetage initiée par le prince par l’apport de nouveaux investissements.

A événement exceptionnel, dispositif particulier. La SN-SOSUCO a reçu pour la première fois le principal bailleur de fonds : le prince milliardaire Karim Aga Khan. Le personnel de la société s’est fortement mobilisé pour réserver à l’hôte un accueil digne de la légendaire hospitalité burkinabè. Tapis rouge, haie d’honneur et acclamations, c’est dans une ambiance chaleureuse que son Altesse et sa forte délégation ainsi que les autorités burkinabè qui l’accompagnaient ont été accueillis peu après 12 heures à l’entrée de l’usine. Au rang des officiels burkinabè, on notait le ministre du Commerce et de la Promotion de l’entreprise Benoît Ouattara, Dianguinaba Barro, vice-président de la Chambre de commerce, d’industrie et d’artisanat ainsi que les autorités administratives et politiques de la région des Cascades. Initialement prévue pour trois heures, c’est finalement deux heures qui seront consacrées à cette sortie. C’est donc au pas de charge que les visites guidées et échanges ont eu lieu. Aussitôt après les salutations d’usage, la délégation a été conviée à une présentation par diaporama de la SN-SOSUCO dans tous ses démembrements (activités agricoles industrielles et commerciales) La SN-SOSUCO est un maillon d’importance de l’économie burkinabè. On le savait déjà mais les différents exposés ont permis de mieux s’imprégner de son rôle économique et social sur l’échiquier national. Implantée à Bérégadougou sur un périmètre estimé à 10 000 hectares, à 15 kilomètres de Banfora de part et d’autre sur l’axe Banfora Bobo-Dioulasso, la société a vu le jour en 1965 d’abord sous l’appellation de "Société d’études sucrières de la Haute-Volta" (SE.SU.HV ) avant de connaître plusieurs évolutions. La SN-SOSUCO se place aujourd’hui au rang du premier employeur au Burkina après l’Etat avec 3000 emplois en pleine campagne de production de sucre. La production annuelle de sucre est de 35 tonnes pour un marché national estimé en besoin entre 50 à 60 000 tonnes.

Depuis 1998, la société est aux mains du privé avec un capital de plus de 6 milliards de F CFA. Le groupe IPS/West Africa (Industrial promotion services), un démembrement du Réseau AGA Khan de développement en est l’actionnaire majoritaire avec 52% du capital social par l’entremise d’une holding dénommée "Sucre participation". La SN-SOSUCO à l’instar de nombreuses unités industrielles du Burkina Faso n’a pas su s’adapter au nouveau contexte du libéralisme économique. Après donc les années de prospérité, la SN-SOSUCO a vécu ces dernières années, une période de turbulence. Les plus pessimistes n’écartaient pas l’éventualité d’une fermeture pure et simple de la société. Aux dires du directeur de ce complexe, M. Jean Lubrani, la SN-SOSUCO est actuellement en convalescence. "Elle a perdu beaucoup d’argent ces deux dernières années", a-t-il confié. La visite de son Altesse se présente donc comme un geste d’encouragement au personnel, une invite à poursuivre les efforts consentis mais aussi visant à les rassurer sur le maintien de leur outil de travail. "Les travailleurs de la SN-SOSUCO vous assurent leur soutien pour sauvegarder et développer leur outil de travail", pouvait-on lire également sur une banderole.

En tout cas, le prince Karim Aga Kan s’est dit confiant à refaire la santé de cette société avec le concours de tous les acteurs. Mais a-t-il averti, "Nous ne devons pas nous arrêter à la mise en état du complexe mais viser plus loin". Par ailleurs, le directeur général du complexe a confié plus tard à la presse que le prince a pris des engagements financiers immédiats et à long terme. Ce qui, bien entendu, met du baume au cœur des travailleurs.

Après une visite guidée dans les plantations de canne à sucre aux environs de Fabédougou dans le périmètre sucrier, la délégation a été reçue également au Centre médical de la SN-SOSUCO. Le prince Karim Aga Khan a quitté Bérégadougou aux environs de 14 heures. Il laisse derrière lui une lueur d’espoir pour les nombreux travailleurs qui jusque-là vivaient dans une psychose de perte d’emplois.