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Le manteau, dit de Roger II, appartient à ces pièces exceptionnelles qui suscitent encore de nombreuses interrogations sur leur fonction première et ce, malgré l'abondante littérature qui s'y rattache.
Réalisé en soie brodé de fils d'or et d'argent et orné de plus de 5000, le manteau pèse quelques 50 kilogrammes.
Confectionné à Palerme en 1133, il fut transporté dès le XII siècle en Allemagne par Henri VI et servit dès lors de manteau de couronnement aux empereurs de Saint Empire romain germanique jusqu'au XVIII siècle.
Le décor e la face externe - deux lions terrassant des chameaux de part et d'autre d'un arbre de vie - a été interprété diversement dans le contexte de la reconquête chrétienne de la Sicile et de l'Espagne, les lions symbolisent les chrétiens écrasant des musulmans ou encore la dynastie normande des Hautevilles, dont l'emblème est un lion, soumettant les Arabes ou les Africains. Les rosettes qui ornent les animaux et que l'on retrouve sur des représentations astrologiques médiévales évoqueraient aussi une représentation "personnalisée" du signe zodiacale du Lion, courante à l'époque médiéval pour souhaiter la bonne fortune au destinataire.
À l'évocation du monde céleste répondrait celle du monde terrestre. Sur la face interne sont représentées des scènes de la vie quotidienne des femmes du palais : divertissement, enfants, amours, . . .
L'inscription participe, elle aussi, au mystère : "cela a été dans le khizanah (atelier du trésor ou atelier privé), rempli de joie, honneur, bonne fortune, perfection, longue vie, profit, bon accueil, prospérité, splendeur, gloire, perfection, réalisation des souhaits et des espoirs, des plaisirs des jours et des nuits, sans fin ou modification, avec force, attention, appui, protection, joie, succès, triomphe et prospérité. À la capitale sicilienne de l'année 528".
Ici point d'invocation à Dieu. Aucune indication sur sa fonction. En revanche, on trouve une référence à l'atelier royal et l'évocation de sentiments liées aux plaisirs de la vie. Il est admis aujourd'hui que le manteau était destiné au roi de Sicile, Roger II.
L'intérêt de cette pièce, hormis sa magnificence et son esthétique, réside essentiellement dans cette fusion artistique propre à la Sicile de XII siècle.