DRUZE

Secte issue d'une des branches du chiisme, son origine remonte au califat fatimide installé au Caire au Xe siècle. Le calife Al Hakim, qui régna de 996 à 1021, cherche à se faire reconnaître comme une divinité. Après sa disparition, ses partisans sont persécutés mais son ancien vizir, Al Daruzi, réfugié en Syrie, convainc plusieurs tribus de la nature divine de son ancien maître. C'est à lui que la nouvelle secte doit son nom. Quelques années plus tard, en 1043, la nouvelle prédication est déclarée " achevée ", le prosélytisme et les conversions sont interdits : " Le voile est tiré, la porte est fermée, l'encre est sèche et la plume est brisée. " La doctrine élaborée est ésotérique, conservée par une petite caste d'initiés largement influencés par la philosophie grecque et hindoue. À tel point que, contrairement aux chiites, les druzes sont largement considérés par les autres musulmans comme des hérétiques.

Il existe des communautés druzes au Liban, en Syrie et en Israël. Dans ce dernier pays, où on en compte près de 100 000, ils sont traités différemment des autres arabes, chrétiens ou musulmans. En particulier, ils sont astreints au service militaire, ce qui leur donne aussi un certain nombre de privilèges par rapport aux autres Arabes ; dans les années 80 pourtant, se développe un mouvement d'insoumission chez les druzes israéliens, confirmé ensuite à l'occasion de l'intifada. Mais c'est surtout au Liban que les druzes jouent un rôle politique.

Au XIIe siècle, se crée le premier émirat druze au Mont-Liban. À la fin du XVIe siècle, Fakhreddine II unifie sous sa férule les territoires de l'actuel Liban. À partir de cette date, maronites et druzes affirmeront leur pouvoir sur la montagne libanaise.

La communauté druze ne représente qu'environ 7 % de la population libanaise, mais elle a longtemps compensé sa faiblesse numérique par une assez grande unité, une forte concentration territoriale au Mont-Liban (Chouf et Metn, Harbaya) - qui s'est accentuée en 1983-1985 avec l'exode de nombreux chrétiens de la région - et une grande valeur combative. Un clivage traditionnel oppose le clan des Yazbaki (dirigés par la famille Arslane) à celui des Joumblatti. Un homme, Kamal Joumblatt, sera, de 1943 à son assassinat par des agents syriens en 1977, tout à la fois le représentant le plus prestigieux des druzes et le chef de la gauche libanaise.

Son fils, Walid, lui succède, à la tête à la fois du clan des Joumblatti et du Parti socialiste progressiste (PSP) créé par son père. Depuis les années 80, le PSP, même s'il recrute certains cadres d'autres confessions, s'identifie largement à sa base druze. La signature des accords de Taëf en 1989, avec l'attribution des trois principaux postes de l'État à un maronite, un sunnite et un chiite, a signé l'affaiblissement de la place des druzes dans la nouvelle configuration politique. Pour préserver une partie de son rôle, Walid Joumblatt a obtenu, pour le scrutin de l'été 1996, un découpage de la montagne en six petites circonscriptions, alors que dans le reste du pays, le scrutin s'est déroulé sur la base de cinq grandes divisions.

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